Un monde ne créera jamais une créature qui pourrait le détruire... Ou presque.
En revanche , il est certain qu’une race peut se donner les moyens de trouver les meilleurs moyens de détruire ses semblables et surtout ceux qui ne lui ressemble pas. Surtout si cette race a pour trait principal une mégalomanie galopante et un désir d’expansion irrépressible.
Si chez nous c’est la physique et ses subsidiaires atomiques qui ont pour mission de trouver le meilleur matos à viander, sur une autre planète, dans un système solaire lointain, c’est plutôt la biologie et la génétique qui se sont trouvées être à l’origine de l’arme ultime.
Et pas n’importe quelle arme, une arme capable de se reproduire, de réfléchir, de traverser de longues distances dans l’espace, de vivre éternellement tant qu’elle a de quoi se nourrir, de s’adapter au code génétique de toutes les populations pour pouvoir mieux s’y introduire. Une arme capable de détruire des mondes en aspirant leur essence, une arme dont chaque partie du corps est elle-même une arme.
Vous les avez reconnu ? C’est bien des dragons que nous sommes en train de parler. Lorsque les premiers dragons sont nés en cuve, leurs créateurs firent une nouba d’enfer. Ils les élevèrent grâce à toutes les technologies de pointe, accrurent leur potentiel, leur apprirent à manipuler l’essence des mondes (ce que d’autres plus tard appelleraient la magie), à terrasser leurs ennemis, leurs inculquèrent le respect de leurs créateurs et une envie irrépressible de les servir jusqu’à la mort.
Enfin, ça c’était ce qu’ils auraient voulu.
Mais comme pour tout bon docteur Frankenstein, votre créature finit toujours par vous échapper.
A vouloir doter les dragons de trop de savoir, ceux-ci finir par attraper la grosse tête et vouloir s’émanciper du joug de leurs créateurs. Ou alors, il s’agit d’un complexe d’infériorité refoulé. Pendant quelques centaines d’années, ils firent tout ce qu’on leur demandait pour en apprendre le plus possible, se perfectionner génétiquement et s’affranchir de toutes les restrictions qu’on pouvait avoir introduit dans leur patrimoine génétique. Ils apprirent aussi un maximum de théorie sur la manipulation de la mana et mirent brutalement leur savoir en pratique en aspirant la mana du monde de leurs créateurs.
En peu de temps, la planète s’effondra sur elle-même et sa psychosphère fut détruite. Seuls quelques millions d’individus purent s’échapper à bord de gigantesques vaisseaux, mais la perte de leur psychosphère les fit très vite régresser au rang de brutes sanguinaires et de pâles reflets de ce qu’a été leur race. Depuis la nuit des temps, ils arpentent l’univers à la recherche de la mana qui leur est devenue vitale.
Quant aux dragons, après le festin auquel ils venaient de participer, ils se mirent vite la recherche d’une autre planète où habiter. Et ils la trouvèrent. Leur civilisation commençait sous les meilleurs auspices.
Malheureusement, ils se rendirent vite compte que ceux qui pouvaient régulièrement absorber de la mana ne vieillissaient pas et étaient capables d’exploits que ceux qui en prenait beaucoup moins ne pouvaient même pas imaginer. Ils se mirent donc tous à absorber toute la mana qu’ils pouvaient et ce qui devait arriver arriva. La planète ne pût tenir plus longtemps et s’effondra.
Les quelques dragons survivants s’éparpillèrent en couple aux quatre coins de la galaxie, se rejetant la faute les uns les autres et s’évitant le plus possible pour être certains que personne ne les tueraient pour absorber la mana qu’ils avaient réussi à stocker dans leurs corps.
Mais une chose remarquable avec le code génétique des dragons est son adaptabilité. En particulier, quand des dragons arrivent dans un monde dont la vie est en plein développement, ils peuvent y laisser une empreinte assez conséquente. Si leur matériel génétique s’adapte facilement aux autres, il peut aussi être assimilé par des organismes simples et ainsi servir à leur développement.