Dragons, tripes et rock ‘en roll…

Partie 4

Tom balaya une dernière fois la zone avec sa visée thermo graphique, il n’y avait plus âme qui vive. Seulement dix cadavres déchiquetés d’une manière ou d’une autre à l’extérieur.

Le salon ressemblait à une décharge couverte d’impacts de balles et de sang, des centaines de douilles jonchaient le sol et se mêlaient aux gravas.

- « Jason, la gorge de Yohaness, elle fait blurp blurp quand il inspire ! » Dit Tom l’air hilare.

Doigt significatif de la part de Yohaness.

- « Ca veut dire qu’il va crever dans pas longtemps ça, et dans d’atroces souffrances ! » Renchérit Henri sur le même ton.

Deuxième doigt significatif de Yohaness.

- « Ca va, si on peut plus plaisanter avec toi parce que t’es en train de mourir…T’es chiant ! » Continua Henri.

Tom et Henri se remirent à la fenêtre armes aux poings en entendant une détonation de grenade puis des coups de feux répétés. Cela devait venir de l’autre côté de la maison.

- « Putain ça chie encore de l’autre côté, tu devrais aller voir si tout se passe bien de l’autre côté. » Dit Jason à l’attention de Tom d’une voix faible.
- « ok j’y vais ! » Répondit Tom tout en rechargeant son arme.
- « Bon et maintenant on fait quoi ? » Demanda cette fois-ci sérieusement Henri.

Ils pouvaient tous entendre Arthur et Vasquez qui hurlaient mais ne comprenaient pas clairement ce qu’ils se disaient. Tom s’engouffra rapidement dans le couloir de la maison.

- « Il faut qu’on se soigne Yohaness et moi pour commencer parce qu’on va pas tenir bien longtemps en pissant le sang comme ça. » Dit Jason souffrant le martyr.
- « En plus on a rien pour masquer le sort. Va falloir le faire sans masque et pas traîner dans les parages trop longtemps. » Rajouta Henri.
- « C’est clair, je vais faire le sort de soin sur Yohaness avant qu’il crève. Pour moi, faudrait voir avec Tom qu’il appelle Djermoun afin qu’il voit si il peut nous trouver un féerique dans le secteur qui connaisse le sort de soin. Je sens que je vais pas tenir très longtemps comme ça. » Conclue Jason.
- « Bon ben pendant que tu soignes le coureur de jupons, je vais fouiller ce qui reste de Scannasi. » Dit Henri d’un ton désinvolte.

Jason se traîna jusqu’à Yohaness, se mit à genou près de lui, puis commença à se concentrer, sentant la mana, son énergie magique, venir se concentrer dans ses mains.

Ses avant-bras devinrent soudain noir et écailleux, c’était l’effet incontrôlable des sorts non masqués, aussi une lumière bleue scintillante se mis à danser autour de ses mains.

Jason sentait la mana crépiter dans ses mains, quasiment toute la mana que son corps de dragon noir sous forme humaine pouvait emmagasiner.

Il plongea ses mains sur le torse de Yohaness libérant d’un coup la mana, formidable dégagement d’énergie qui entra dans son corps puis se répandit comme une onde de choc à travers la terre. Onde que l’on pouvait ressentir à des kilomètres à la ronde, bref rien de discret.

Yohaness alla soudain beaucoup mieux, puis l’instant d’après, se releva complètement guéri de ses blessures. Jason lui était de plus en plus mal.

- « Va chercher la caisse Yohaness, s’il te plait et charge Jason dedans. » Dit Henri.

Yohaness s’exécuta. Tom, Arthur et José luis arrivèrent sur ces entrefaites.


- « C’était quoi ce dégagement de mana ? » Demanda Arthur.
- « Jason qui soignait Yohaness, il faut que t’appelles Djermoun, Tom. » Renseigna Henri tout en continuant de fouiller les restes de Scannasi.
- « Je l’appelle tout de suite ! » Dit Tom comprenant la situation.
- « Il est où Yohaness, d’ailleurs ? » Interrogea Arthur à l’attention d’Henri qui semblait fort occupé sur son cadavre.
- « Aller chercher la voiture. » répondit-il d’un ton désinvolte.
- « Bon, moi je vais fissa voir si il y a quelques renseignements sur les corps des mecs qui nous sont tombés dessus, je récupère quelques armes et je reviens ! » Dit Arthur.
- « Dis donc ! Elle est vachement cassée la maison quand même, ils n’ y sont pas allés de mains mortes ! » Remarqua Vasquez étonné par l’état du salon de l’ex ferme.
- « Bon ! Je crois que j’ai tout sauf peut être si il avait une oreillette m’enfin c’est pas grave. » Dit Henri d’un air gai.

Il avait récupéré son portefeuille, un stylo, son téléphone portable et un bout de papier caché dans la doublure de la veste de Scannasi. Il mit tout ça dans ses poches, il regarderait ça plus tard. Tom lui avait sortit son téléphone portable modifié par les dragons bleus. Téléphone trafiqué de manière à empêcher toutes tentatives d’écoutes sur sa ligne. Il savait donc que seuls les bleus l’écouteraient lors de sa conversation avec Djermoun. Il était environ 1h30 du matin, il espérait qu’il allait répondre.

- « Euh…allo ? C’est qui ? » Dit une voix fortement endormie à l’accent arabe.
- « Rashid Djermoun ? » Demanda Tom glacial.
- « Ah… Salut Henson alors ça va, vous faites toujours des roulades ! » Répondit Djermoun un peu plus réveillé.
- « Non pas le temps et vous, vous dormez toujours avec un choux fleur ? »
- « Euh non, vous savez, je m’en sers juste pour qu’on me reconnaisse lors de rendez-vous. »
- « Rien à foutre. J’ai besoin de vous ! » Dit Tom.
- « Laissez moi deviner, comme d’habitude vous êtes blessé et vous voulez que je vous trouve un dragon féerique qui possède le sort de soin et ce afin de vous aider et bien sûr dans les plus brefs délais. » Demanda d’un ton las Rashid.
- « Il s’agit pas de moi, mais c’est à peu près ça, on est du côté d’un bled du nom de Brive la Gaillarde ou un truc dans ce genre là en corrèze. »
- « Bon je vais voir ce que je peux faire, je vous rappelle d’ici dix minutes. Cinquante mille comme d’hab… » Dit Djermoun.

Rashid Djermoun raccrocha. Les discussions avec ce type étaient toujours surréalistes, bon il fallait qu’il se lève et qu’il se mette au boulot. Qu’est ce que le gestalt de Mac Kinley foutait en Corrèze ?

Yohaness arriva avec le van Mercedes VITO qu’Henri avait volé à des gitans un peu plus tôt dans la journée.

Il descendit et commença à aider Jason à s’installer à l’arrière tandis qu’Arthur et Vasquez eux, chargeaient armes, munitions, radios et lunettes nocturnes dans les compartiments de rangements du van.

- « Djermoun me rappelle dans dix minutes, je vais mettre tous les cadavres dans la baraque et après on crame tout ! » Dit Tom.
- « Ok, fais toi plaisir mon gars ! » dit Henri qui jouait déjà avec une des radio du commando.

En cinq minutes, Tom mis tous les cadavres à l’intérieur sauf le sniper, plaça cinq cent grammes d’explosif C4 un peu partout dans la maison à l’aide de Vasquez. Arrosa les corps entassés dans le salon d’essence de tondeuse à gazon, y déposa délicatement trois grenades incendiaires afin d’être sûr que les policiers de l’identification criminelle mettent au moins un an à identifier les corps, si toutefois ils y arrivaient.

De plus aucun risque de trouver après ça la moindre trace d’ADN non humain dans les cinq cents mètres à la ronde, ou d’ADN tout cours de toute manière.

Tom venait de sortir de la maison quand son téléphone retentit.

- « Je vous écoute Djermoun allez-y. »
- « Tulle à environ trente kilomètres de Brive la Gaillarde. C’est facile à trouver, c’est juste en face de l’école de Gendarmerie. La villa face au portail d’entrée, chez monsieur Adon Emmanuel. » Lui dit rapidement Rashid.
- « Face à une école de Gendarmerie… J’en ai trois couvert de sang, ça va être discret l’approche ! »
- « Relaxe, je m’en doutais alors je lui ai dit d’ouvrir son portail afin que vous alliez directement dans son garage ! » Répliqua d’un ton enjoué Djermoun.
- « formidable, bon je vous contacte plus tard, tchao ! » Conclut Tom.

Il raccrocha et se retourna vers le reste du gestalt.

- « Tulle à environ trente bornes, on est partis. » Prévint Tom.
- « Ok on y va ! » dit Henri jetant sa radio qui ne marchait déjà plus, en montant dans le Mercedes.

Les autres étaient déjà dedans, Vasquez et Yohaness se disputant la place de devant, Arthur les regardait atterré, Jason lui était couché à l’arrière.

Henri prit le volant, Tom monta à l’arrière rejoint par Yohaness convaincu par Arthur qu’un mec plein de sang à l’avant d’un véhicule, c’était suspect.

Le van démarra puis s’immobilisa à environ quatre cent mètres, Tom enclencha le minuteur à distance. Dans quatre minutes plus rien ne vivrait à cinq mètres autour de la maison. Henri repartit et s’engagea sur le chemin de terre.


Jaroslav Kerketoutch arriva au point zéro, le cœur à la limite de la crise cardiaque. L’agent de liaison Martin l’attendait devant l’hélicoptère Super Puma, l’air mécontent.

- « Vous êtes le seul survivant ? » Demanda Martin froidement.
- « Oui monsieur. » répondit Jaroslav reprenant son souffle, accroupis.
- « Vous en êtes sûr ? »
- « Oui monsieur j’ai vérifié une fois arrivé à la lisière de la forêt, ils sont tous morts sauf moi ! » Dit Jaroslav la gorge serrée.
- « Savez-vous si l’objectif numéro un a été abattu avant qu’il n’ai pu parler. » Poursuivit Martin toujours aussi froid.
- « Aucune idée monsieur, j’étais en soutien à l’arrière. »

Une secousse étrange ébranla la zone pendant une seconde puis plus rien.

Jaroslav se retourna et scruta la forêt à la recherche d’un éventuel poursuivant ne sachant pas trop ce qu’il venait de se produire.

- « Ne jamais confier un travail à un humain quand on veut qu’il soit bien fait. » Dit Martin de manière glaciale pointant son 44 Automag sur le crâne du soldat.

Jaroslav dos à son agresseur se figea, regarda une dernière fois les étoiles et mourut.

Martin Longuesorfe ramassa le cadavre et le jeta comme un sac poubelle dans l’hélicoptère. Il fit signe aux pilotes de décoller. Il fallait qu’il s’en aille, il avait senti la mana, les nouveaux nés n’allaient pas tarder à venir inspecter la zone. En plus, le gestalt de Mac Kinley risquait de débarquer d’un moment à l’autre s’ils avaient suivi les traces du soldat qu’il venait d’abattre. Autant ne pas prendre de risque, la mission avait suffisamment échouée comme ça. Deux minutes plus tard le Super Puma reprit la direction de Paris. Martin fulminait, il allait devoir rendre compte à son père Jean Colmar de l’échec cuisant, et il n’aimait pas ça. C’était l’idée de son père d’envoyer un commando humain face à ce gestalt, et pourtant il savait qu’il assumerait l’entière responsabilité de cet échec. Le monde draconique était vraiment injuste. En arrivant il faudrait qu’il appelle Sergueivitch afin de savoir si les autres objectifs avait été atteints, a savoir l’élimination complète de l’équipe mandatée par le chef du conseil des treize. Il profita du temps qu’il lui restait pour préparer sa plaidoirie face à son père, car il n’allait pas être de très bonne humeur.


Henri reprit la nationale au moment où une forte explosion retentit dans toute la vallée, secouant légèrement par la même occasion le van.

- « Une bonne chose de réglée. » dit calmement Arthur qui regardait fixement la route.
- « Et dans la discrétion comme d’habitude ! » Répliqua Yohaness moqueur.
- « Tom, elle était où la famille chez qui on était à l’instant ? » demanda Arthur toujours perdu dans ses pensées
- « Tu veux dire quand on est arrivé cet après-midi avec Jason ? » Demanda Tom.
- « Oui c’est ça quand vous êtes arrivés, juste avant qu’on vous rejoigne. » Répondit Arthur.
- « Ben chez eux, normal quoi ! »
- « Et vous en avaient fait quoi ? » dit Arthur se retournant vers Tom l’air sévère.
- « Ben… on les a bouffé Jason et moi. Comme on les avait tués, fallait pas gâcher tu comprends ? » Dit Tom l’air tranquille.
- « Et la gamine ? Je sais qu’il y avait au moins une gamine ! » Continua Arthur la mine sombre.
- « Y’en avait deux, on les a bouffé aussi, enfin je les ai bouffé parce que Jason, il avait super faim alors je lui ai laissé les parents. Tu comprends je suis pas un monstre, j’allais pas laisser deux orphelines dans ce monde cruel quand même, et puis c’est super bon au goût ! » Dit tom hilare.

Arthur se retourna, dégoûté par ce qu’il venait d’entendre.

- « Je traîne vraiment avec des malades mentaux ! » Dit-il secouant la tête.
- « Non juste des êtres magiques dégénérés ! » Rajouta Henri tout joyeux.
- « Merde j’ai paumé mon New Look pendant la fusillade ! Fait chié ! » Conclu Yohaness en râlant.