Le côté obscur de Gwellarion

Gwellarion, ce bon vieux Gwellarion. Ce dragon, dans la plus pure essence du terme, reste souvent le maître de nos fantasmes de guerrier ultime. Chez lui tout n’est que douceur (je rigole). Le dernier vrai gardien des traditions draconiques, le seul chez qui les traditions ont encore une valeur. De même, c’est le seul qui ait signifié son opposition à la création des bâtards. C’est à la fois une sorte de référence de l’esprit draconique auprès de ses frères, mais aussi celui qui est considéré comme une gêne par eux. Son inertie dans les magouilles familiales, son manque d’implication dans les plans si intéressants des différents dragons et son rejet de la main d’œuvre bon marché des enfants en font un être à part. Même s’il est perçu comme une sorte de relique par les autres dragons, personne n’ira lui dire en face (ça reste un des meilleurs combattant ayant jamais existé).

Mais alors, d’où peut donc bien venir ce manque d’activité ? Lui qui possède tout pour être un leader de la cause draconique, il continue à garder profil bas. Mais pourquoi est-il si peu méchant ?

Ses raisons, seul lui les connaît, et franchement il fera tout son possible pour ne pas les révéler. On ne peut pas dire que ce soit par fierté, mais plutôt par honte. Ce vieux monsieur a fait une grosse bêtise dans le temps.

Une partie de l’histoire de Gwellarion

Nous l’avons toujours dit, Gwellarion a passé son temps à dormir. Et bien comme d’habitude, ce n’est pas tout à fait vrai. Même si ses actions n’ont pas eu l’importance de celles de ses frères, il s’est quand même mêlé aux humains pendant deux courtes périodes. Courtes les périodes, mais riches en conneries.

En fait, Gwellarion apparaît dans nos légendes sous deux noms bien connus, parmi deux des grands défenseurs celtes : Cuchulainn et Finn Mac Cumail dont on retrouve les histoires dans les cycles celtiques d’Ulster et des Fianna.

D’abord commençons par la période la plus importante : Cuchulainn

Tout le monde connaît par certaines bandes dessinées les caractéristiques particulières de ce jeune guerrier.

A l’époque, Gwellarion ouvrit un œil. L’époque était intéressante, de grands guerriers avec de grandes guerres, une période où les valeurs viriles étaient mises en avant et où une certaine brutalité, pour ne pas dire plus, était un gage de valeur. C’est pourquoi Gwe se mêla aux petites créatures roses.

La naissance incertaine et les descriptions fantaisistes de Cuchulainn (un peu trop de doigts, un peu trop d’yeux) étaient en fait réelles. Ce pauvre Gwe avait de réelles difficultés à prendre forme humaine. Et ne parlons pas des transformations qui arrivaient dès qu’il s’excitait un peu (des os qui bougent, des muscles qui tournent, des boules qui apparaissent, des yeux qui s’enfoncent, etc.), le pauvre avait bien du mal à ne pas se transformer en dragon.

Bien évidemment, même à l’époque, cette gueule et ces déformations, même si elles lui permettaient de passer pour le fils de Lug, n’aidaient pas à l’insertion sociale. C’est finalement un humain qui lui fila un coup de main, un druide en fait, il s’appelait Cathbad. Après avoir un peu discuté avec lui, Gwe découvrit que celui-ci possédait le moyen de mieux contrôler ses transformations. Malgré de légitimes réticences, il passa entre les mains de Cathbad et en ressorti avec ses premiers tatouages. À peine ses jolis dessins tatoués, Cathbad s’empressa d’annoncer la venue d’un grand guerrier. Effectivement, Gwe, sous le nom de Cuchulainn pratiqua assidûment les sports nationaux de l’époque : meurtres, régicides, éliminations de sorcière et épreuves physiques hors du commun. Pas vraiment un problème pour le plus belliqueux des dragons. Il se maria même avec et eu beaucoup d’histoire d’amour (si on peut parler d’histoire d’amour dans le fait de tuer le père pour avoir la fille, de chopper une fille par les cheveux et de l’amener dans son lit, enfin !!! Les mœurs étaient ce qu’elles étaient et dans les bouquins ça tient mieux le lecteur en haleine. Il eut même un enfant. Finalement il devint un héros de l’Irlande et fut vaincu lors d’une grande guerre contre la reine Medb qui utilisa des moyens magiques.

Bien sûr il n’était pas vraiment mort, mais bon toujours gagner, ça devenait lassant.

Mais bon, il s’était quand même bien amusé. C’est pourquoi quelques années plus tard il revint sous le nom de Deimné, fils de Cumaill. Mais comme cette fois il ne voulait pas révéler sa nature étrangère, il tua le fils en bas âge et prit sa place. Bien que belliqueux, le vieux Cumaill voulait une éducation sérieuse pour son fils, donc comme presque personne à l’époque, direction l’école sous l’égide du druide Finegas. Et là, seconde série de tatouages pour apparaître vraiment humain, et même, selon les textes, mignon. Ensuite parcours scolaire classique : écrasage de monstre, régicides, guerres, chef de la tribu des Fianna, mariages et changement de nom. Puis, comme précédemment, on se lasse de tout.

Donc retour dans la bonne vieille caverne pour faire un gros dodo.

Vous pouvez le constater, l’influence de Gwellarion ne s’est jamais étendue en dehors de l’Irlande et on ne peut pas dire qu’il ait construit des plans machiavéliques pour la domination du monde. C’était plutôt des sorties festives, histoire de rigoler un peu. De plus, on peut l’avouer, Gwellarion s’amusait bien avec les humains et finalement il les appréciait bien. Mais alors pourquoi est-il si méchant ???

Parce que…parce qu’il a fait une grosse bêtise.
Tout à sa puissance, il considérait les humains comme quantité négligeable, juste des jouets pour se détendre. C’est là que fut son erreur. Son mépris et sa méconnaissance de la magie lui furent fatals. Ses fameux tatouages, dont tous les dragons se demandent l’origine, sont un immense piège. Le druide Cathbad savait à qui il avait à faire, et les tatouages servaient comme une sécurité contre la furie de Gwellarion. En lui permettant de le tripoter, Gwellarion lui avait permis de lui donner un contrôle total sur lui. Sur un simple mot de commande, ou plutôt une phrase, Cathbad pouvait obliger Gwellarion à lui obéir. Comme la nécessité ne s’en est jamais fait sentir, Cathbad n’a jamais utilisé cette possibilité. Mais tradition orale druidique oblige, la connaissance s’est transmise dans les cercles les plus élevés du druidisme. Et quand, Finegas a eu entre les mains cet enfant, il le reconnut d’emblée pour ce qu’il était. Comme on s’était aperçu que le monsieur pouvait avoir des enfants, la seconde série de tatouages faisaient en sorte que les enfants de Gwellarion soient aussi soumis aux mots de commandes. D’où une protection totale contre toute la lignée des Wyverns et même une sympathique petite armée au service de quelques élus.

C’est pourquoi après son dernier réveil, Gwellarion n’avait rien contre le fait de faire des enfants, après tout pourquoi pas ? Mais il y a quelque temps, un de ses petits enfants rapporta le fait étrange d’un humain ayant pris le contrôle de sa personne, et ce extrêmement facilement. Après une petite enquête, Gwellarion comprit qu’il avait fait une grosse bêtise. D’où exécution immédiate de l’infâme petit fils, arrêt d’une procréation d’une progéniture pervertie et grosse honte. Finalement comme le phénomène ne se répéta pas, on met la poussière sous le tapis et l’on s’assoit dessus. Et surtout on commence à jeter un oeil suspicieux sur les mouvements religieux humains. Mais pas trop non plus.

En termes de jeu, toute wyvern qui entend la phrase de commande (à vous de choisir les termes celtiques de la chose) devient l’esclave temporaire de celui qui a prononcé les mots.

Attention seuls les druides d’obédience celtique et des cercles supérieurs sont au courant et franchement, ils ne courent pas les rues.

À utiliser avec modération.